Mon enfance et mon adolescence ont été jalonnés par la lecture de plusieurs romans d’écrivains africains, tant par obligation scolaire que par motivation personnelle. J’ai ainsi pu découvrir la diversité de la bibliographie africaine, francophone uniquement. De « L’aventure ambiguë » de Cheikh Anta Diop à « De Tilène au Plateau » de Nafissatou Diallo, ou encore « L’enfant Noir » de Camara Laye, ce sont autant de lectures qui m’ont passionnée.
Je vous livre ci-dessous un petit aperçu de ceux que j’ai relu dernièrement.
« Une si longue lettre », Mariama Bâ (1979) : Lorsque j’ai lu ce livre pour la première fois, je devais avoir une quinzaine d’années. Puis, je l’ai relu en 2013, avec un plaisir renouvelé.Dakar. Ramatoulaye, une mère de famille, écrit une lettre à son amie Aïssatou qui vit au Etats-Unis, pour lui apprendre la mort de son mari, Modou. Une fois cette nouvelle annoncée, le reste de sa lettre aborde les souvenirs de leur jeunesse puis les conditions dans lesquelles elle a rencontré puis épousé Modou; comment ce dernier lui a imposé une co-épouse après vingt-cinq ans de vie commune, sa condition de femme dans ce foyer polygame et dans leur cadre familial musulman ; le rejet et l’abandon de Modou ; puis, une fois veuve, comment elle a pris en mains, non sans difficultés, les charges financières et l’éducation de ses enfants.Le récit de Ramatoulaye est empreint de nostalgie sur les années insouciantes de leur jeunesse ; de douleur quant à la trahison de Modou ; de révolte quant à la condition de la femme dans la société sénégalaise ; mais aussi de courage et d’une force de caractère chez cette femme qui, malgré l’acceptation silencieuse de la polygamie de son mari, était une femme indépendante et libre dans l’âme.
« L’enfant noir », Camara Laye (1953) : L’histoire de Laye, un petit garçon qui vit avec ses parents à Kouroussa, un village de Haute-Guinée. Le père de Laye est un forgeron réputé et admiré par son fils. L’auteur nous fait découvrir l’enfance africaine de Laye, le mystère qui entoure le métier de son père, sa vie à l’école et avec ses amis, ses vacances fréquentes à Tindican, chez sa grand-mère paternelle, son rite initiatique pour entrer dans la vie d’adulte. Puis, sa vie d’adolescent, son départ de Kouroussa pour la ville de Conakry, sa vie de collégien, son amitié pour Marie, puis son départ pour la France pour y poursuivre ses études.Camara Laye signe avec « L’enfant noir » l’un des romans africains les plus connus. Le livre est très bien écrit, dans un français soutenu mais néanmoins accessible. Il a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 1995 par le réalisateur Laurent Chevallier.
« Une vie de boy », Ferdinand Oyono (1956) : l’histoire de Toundi – surnommé Joseph – un boy qui travaille pour les blancs, pendant la colonisation. Il raconte sa vie de boy, le racisme des blancs à l’égard des noirs qui sont maltraités et considérés comme des moins que rien, l’infidélité de la femme de son patron, ses mésaventures et l’injustice qu’il subit. A travers son regard, on prend conscience de la condition des noirs à l’époque coloniale ainsi que de la toute puissance des blancs qui agissaient, en terre africaine, comme s’ils étaient chez eux.