La couleur des sentiments – Kathryn Stockett

L’histoire en quelques lignes
1962. Jackson, Mississipi. A une époque où la ségrégation raciale est toujours d’actualité aux Etats-Unis, Aibileen est une bonne noire qui travaille chez les Blancs depuis près de quarante ans. Ses employeurs actuels sont les Leefolt, chez qui elle fait le ménage, la cuisine et s’occupe de Mae Mobley, leur fille de 2 ans. La cinquantaine, femme sans histoire, Aibileen travaille avec professionnalisme et veille à ne pas s’attirer les foudres de ces employeurs. Sa meilleure amie Minny, une bonne également, n’a quant à elle pas sa langue dans sa poche. D’ailleurs, son franc-parler lui vaut de se faire bientôt renvoyer par sa patronne, Miss Hilly.


La patronne d’Aibileen, Miss Leefolt, organise une fois par semaine un jeu de bridge auquel elle invite ses amies. Parmi celles-ci, Miss Hilly, prétentieuse, attachée aux lois raciales et à une société où la race blanche est supérieure à la race noire ; et Miss Skeeter Phelan, qui se révèle différente de ses amies, ne partage par leur intérêt pour les frivolités et développe une envie de changer les choses.Au fil de l’histoire, les destins de Miss Skeeter et des deux bonnes noires vont se croiser et s’unir dans la poursuite d’un but commun : changer la mentalité des habitants de Jackson et accorder plus de droits aux bonnes noires.


Mon avis

La couleur des sentiments est un très beau livre car on est rapidement plongé dans la vie des narrateurs. L’histoire est racontée par 4 personnes : Aibileen, Minny, Miss Skeeter, puis l’auteur elle-même. La plume de chaque narrateur est différente. Le style de l’auteur est neutre, celui d’Aibileen emploie un langage parfois familier, ainsi que des expressions liées à sa condition de bonne noire. La révolte, rarement contenue et souvent exprimée de Minny, caractérise sa plume. Quant au style de Miss Skeeter, on y décèle une bonne éducation et l’appartenance à une famille respectable.


Les mères d’Aibileen et de Minny étaient elles-mêmes bonnes et ce sont elles qui ont appris le métier à leurs filles. A Jackson, Mississipi, les Noirs vivent dans un quartier qui leur est réservé et n’ont pas le droit de fréquenter les mêmes lieux que les Blancs (pharmacie, bibliothèque, supermarché etc.). D’ailleurs, dans la plupart des maisons, les bonnes noires n’ont pas le droit d’utiliser les mêmes toilettes que leurs patrons.

Le livre est écrit sur fond d’événements historiques (Rosa Parks, Marthin Luther King) et au fil de l’histoire, on sent que la génération d’Aibileen et de Minny est probablement la dernière des bonnes noires, en tout cas, telle que leur condition de vie et de travail l’a été jusqu’à présent : payées au lance-pierre, traitées comme des personnes de race inférieure.


Le livre se termine sans un vrai épilogue. Que deviennent Aibileen, Minny et Skeeter ? Leur vie future est annoncée mais le lecteur reste sur sa fin car il aurait été appréciable de pousser un peu plus loin les prémices de leurs nouvelles vies.